Rochette et sa période au Maroc
« C’est un jardin assez petit, simple… un joyau serti dans les murailles d’une vieille forteresse Portugaise du XVème siècle ; au crépuscule, il s’emplit tout entier d’une tonalité bleuâtre qu’accentuent encore les volubilis dont les murs sont tapissés. La teinte céleste absorbée la journée semble s’évaporer. Les daturas et les parterres de roses exhalent un parfum rare. Ajoutez qu’un café Maure offre un thé délicieux, une musique au rythme monotone qu’accompagnent les clapotis de l’oued que le jardin surplombe, … et le bruit sourd de l’océan. »
Raymond Rochette. Lettre à ses parents. Rabat le 7 avril 1927
« Hier, dimanche, on a fêté Carnaval à Rabat. Samedi soir, il y a eu une grande retraite aux flambeaux avec les trompettes des spahis, et la fanfare de la garde noire du sultan. Ce fut un joli spectacle ; sur la place principale de Rabat, la garde noire était montée sur des chevaux blancs, et tout autour les lampions faisaient un cercle. Tout d’un coup, la fanfare de la garde éclata. Il faut avoir entendu pour le croire !…Ajoutez à cela que des feux de Bengale éclataient et coloraient les chevaux blancs en rouge ou en vert. Puis les trompettes de cavalerie jouèrent…moi j’étais à un bout de la rue et je voyais venir à l’autre bout de la rue la retraite ; les feux de Bengale coloraient la façade des maisons en lueurs rouges vertes, violettes du plus joli effet. »
Raymond Rochette. Lettre à ses parents. Rabat le lundi 28 février 1921